Quand j'étais plus jeune, mes parents m'emmenaient souvent sur le Plateau Mont-Royal la fin de semaine. On se promenais avec une crème glacée ou un chocolat chaud, selon la saison, et j'observais les couleurs, les sons, les gens... tous si différents de mon quartier tranquille. Ma partie préférée de ces sorties était le lèche-vitrine. J'aimais regarder à travers ces grandes vitrines et m'émerveiller de tous les beaux articles qu'elles contenaient.

Un magasin qui reste gravé dans ma mémoire se trouvait à l'angle des rues Saint-Denis et Duluth (je ne faisais pas attention aux noms des rues à l'époque). Il avait une enseigne rouge vif et des fenêtres imposantes. À l'intérieur de celles-ci se trouvaient quelques des monture les plus intéressantes que j'ai jamais vus. Parfois, elles reposaient sur des piédestaux cubiques, d'autres fois sur la tête de mannequins aux couleurs vives. Il y en avait de toutes les formes et de toutes les couleurs imaginables et je les admirais comme je le ferais devant une oeuvre d’art. Elles ressemblaient à ce que porterait une vedette de cinéma. Chaque fois qu’on se promenait dans le quartier, je m'arrêtais devant cette vitrine pour voir les nouveautés. J'étais captivée.

Une dizaine d'années plus tard, je suis étudiante en commerce et je fais du bénévolat à la Clinique d'aide au marketing de Concordia, une association universitaire qui offre un soutien marketing gratuit aux petites entreprises locales. Cette année, Georges Laoun Opticien est l'un de nos clients. Laura Laoun nous a invités à visiter leur deuxième emplacement sur la rue Sherbrooke au centre-ville de Montréal. Je connaissais cette entreprise depuis des années, mais c'était la première fois que j'entrais dans l'un de leurs magasins et que je voyais leur sélection de près. Lorsque je suis entrée, j'ai été accueillie par des caisses et des caisses de montures de lunettes artistiques ; c'était vraiment le rêve de tout amateur de lunettes.

Notre équipe connaissait déjà le modèle commercial de Georges Laoun, qui consiste à présenter des lunettes conçues par des artistes indépendants -c'est ce qui nous a attiré chez eux. Mais lorsque Laura nous a fait visiter le magasin, nous avons pu en apprendre davantage sur chaque collection. Georges Laoun s'approvisionne en lunettes auprès d'artistes du monde entier ; ses montures sont conçues et fabriquées en Italie, en France, en Allemagne et au Japon, entre autres. Ce multiculturalisme crée une richesse et une diversité de concepts, de matériaux et de formes.

J'ai été émerveillée par la créativité et le sens artistique qui se cachent derrière chaque collection. Chaque marque a sa propre vision des lunettes. Les montures d'Anna Karin Karlsson sont faites à partir de matériaux luxueux, dont l'or et les pierres précieuses. Les créations de Blake Kuwahara encapsulent une monture dans une deuxième, fusionnant diverses formes et couleurs. Les montures de Masahiro Maruyama évoquent la beauté de l'imperfection à travers des designs délicats et asymétriques qui se veulent des œuvres d'art inachevées. Non seulement la perspective de chaque artiste est unique, leurs montures individuelles le sont aussi. Georges Laoun ne vend souvent qu'un seul exemplaire de chaque monture afin de pouvoir créer de l'espace pour de nouveaux modèles. J'aime beaucoup cette célébration de l'individualité.

En tenant plusieurs des montures dans mes mains et même en en essayant quelques-unes, j'ai pu apprécier tous les petits détails qui n'étaient pas aussi visibles de loin. Je pouvais également ressentir leur qualité - qu'elles soient lourdes ou légères, chaque monture avait une certaine solidité et durabilité. On pouvait voir le savoir-faire qui se cachait derrière les modèles. Pour moi, cela évoquait le luxe, mais encore plus la durabilité. Cependant, les lunettes ne sont pas forcément une autre forme de mode rapide.

Ma visite au magasin Georges Laoun m'a ouvert les yeux sur le monde des lunettes de créateurs indépendants. J'ai appris que les lunettes ne sont pas forcément ennuyantes ni sérieuses et qu'elles ne sont certainement pas toutes issues du même moule. Il existe des centaines de façons de fabriquer des montures et chacune raconte une histoire différente.

La dernière chose que j'ai apprise ? Mon jeune moi avait plutôt bon goût.